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l'art d'enseigner les sciences Un projet de recherche innovateur initie les enfants à la compréhension continue des sciences. |
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L'auditoire captivé suivait attentivement le cours de génétique donné au moyen de livres, de lectures et d'activités concernant l'hérédité et le fait que l'on est comme on naît et pas autrement. Les participants en redemandaient et on leur en a redonné - et ils n'étaient âgés que de trois ans. Ceux et celles qui donnent un cours selon un plan adapté à un auditoire d'enfants pensent au moment où ces ceux-ci seront devenus des adultes et des décideurs dans une société aux prises avec des questions difficiles, de la thérapie génique au nouvel et innombrable éventail d'enjeux scientifiques. « Quand les gens pensent à l'alphabétisation, ils ne pensent pas aux sciences, et vice-versa », explique Anne McKeough, professeure de technologie appliquée à l'Université de Calgary et membre du Réseau canadien de recherche sur le langage et l'alphabétisation. « La plupart des recherches sur l'enseignement précoce des sciences mettent l'accent sur l'enseignement des notions scientifiques. Ce que nous disons, c'est que pour pouvoir apprécier intelligemment les sciences, il faut d'abord avoir acquis la capacité de lire des textes scientifiques et de les comprendre. » McKeough et Gay Bisanz, directrice du Centre de recherche sur le développement de l'enfant de l'Université de l'Alberta et professeure de psychologie, codirigent un projet de recherche financé par le Réseau. Elles s'intéressent à ce qui conditionne les capacités des enfants de comprendre des textes scientifiques et mettent au point des activités d'apprentissage scientifique à l'intérieur et à l'extérieur de la salle de classe. « L'importance de la culture scientifique de la population pour la performance économique nationale a été largement débattue », affirme Donald G. Jamieson, directeur général et directeur scientifique du Réseau. « Par ailleurs, les sciences sont tellement au coeur des questions les plus controversées de nos jours que la culture scientifique revêt tout autant d'importance pour une sage politique d'intérêt public. » Les travaux de McKeough et Bisanz comportent quatre activités principales : évaluer dans quelle mesure les enfants acquièrent des connaissances scientifiques à la maison, avant l'âge scolaire; analyser les livres pour enfants dans la culture populaire qui traitent de sujets scientifiques; élaborer des programmes pédagogiques pour les enfants d'âge préscolaire; examiner les méthodes d'enseignement qui permettront aux enfants de décoder plus facilement à un âge précoce les mots et les termes dans les textes scientifiques. Des études ont montré que les élèves du secondaire et les étudiants universitaires n'ont pas les capacités de lecture qu'il importe d'avoir pour comprendre les reportages et les articles scientifiques et en juger la crédibilité. « Nous vivons une crise de l'enseignement des sciences », lance Bisanz. « La lecture réfléchie, critique, de textes scientifiques n'est pas enseignée, alors que le public doit et veut pouvoir lire ce genre de textes. Nous vivons dans une culture axée sur la science et la technologie - par exemple, nous consultons les recherches médicales pour comprendre les décisions de traitement. Le système n'est pas adapté à la formation et à l'encadrement des personnes qui auront besoin des sciences dans leur vie quotidienne. » McKeough élabore des programmes d'enseignement portant sur la croissance, les propriétés de la vie, l'hérédité, la maladie et l'énergie par le biais de lectures de textes et d'activités. Les programmes sont mis à l'essai auprès d'enfants de trois à cinq ans dont on évalue ensuite la compréhension. « Nous visons la compréhension des notions scientifiques par la lecture avec l'objectif de mettre au point des programmes d'enseignement précoce des sciences que nous pourrons instaurer dans les garderies. C'est là où nous pourrons commencer à faire en sorte que les gens s'intéressent aux sciences leur vie durant », soutient McKeough. Le Réseau considère la culture scientifique comme une contribution importante au succès d'une société. À en juger par la réaction des enfants jusqu'à maintenant, qui savent maintenant pourquoi ils ont le visage qu'ils ont, c'est aussi une façon intéressante d'apprendre.
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